Entretien Paul
- Louise Descharles
- 10 juin 2018
- 5 min de lecture
Entretien de Paul, 22 ans, étudiant en Bachelor de cinéma à Bordeaux. A la vue de la distance géographique, Paul et moi avons fait un entretien par téléphone. Une application enregistrait la conversation. Cependant, celle-ci a malencontreusement cessé de fonctionner dès le début de l’entretien sans que je puisse m’en apercevoir. Fort heureusement, j’ai tout de même pris quelques notes durant l’entretien. Ainsi, la retranscription ne sera pas exacte mais respectera les grandes lignes de la pensée de Paul. J’ai tenu tout de même à faire paraitre cet entretien dans mes retranscriptions car Paul apporte un nouveau point de vue à l’utilisation de YouTube comme support de diffusion de critique. A l’occasion, j’essaierai de l’entretenir de nouveau, en face à face.
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Paul, j’ai 22 ans, j’ai fait une Licence Culture et Médias à Dunkerque puis Lille et je me suis dirigé, l’année dernière, vers un Bachelor de cinéma à Bordeaux. Je suis en deuxième année avec comme spécialité l’image.
Quel est ton rapport au cinéma ?
J’adore ça, avec quelques potes on a créé une petite série qui sera diffusée sur YouTube. Et sinon, je suis très nanars.
Quel est le dernier film que tu as vu ?
Alors, c’était au cinéma, je suis allé voir « Action ou Vérité », parce qu’il y avait trop de monde pour aller voir Deadpool 2.
Tu peux me parler d’Action ou Vérité ?
Ce n’est vraiment pas le genre de film vers lequel je me tourne généralement. Là, on est face à un scénario ultra classique de film d’horreur avec des jeunes au Mexique et un jeu qui tourne mal. Donc c’est du déjà vu, et à la fois, ne pas sortir des sentiers battus permet au réalisateur de maitriser son sujet. Et je ne vais pas te spoiler mais la fin est vraiment étonnante pour ce genre de film. Donc, à ma grande surprise, j’ai plutôt passé un bon moment. Après, je ne pense pas que c’est un film qui va fonctionner, je suis allé le voir le jour de sa sortir et on était 8, dans la salle.
D’accord, maintenant, est ce que tu peux le dire si l’analyse que tu viens de faire s’apparente à une critique de cinéma ?
Non, parce que là je n’ai presque rien dit.
Comment faire une bonne critique ?
Selon moi la critique à deux aspects, un aspect objectif et l’autre subjectif. Premièrement l’aspect technique ou le critique est très objectif. Ensuite c’est un avis plus personnel sur le film ou on donne son avis en se basant sur le scénario : est-ce que c’était intéressant ? Et dans ce cas-là c’est subjectif. Néanmoins, ce n’est pas parce qu’un critique est subjectif qu’il ne doit pas prendre en compte l’avis inverse du sien. Si lui n’a pas aimé mais que d’autres ont aimé, il ne doit pas réfuter totalement les arguments des gens qui ont aimé et doit savoir se mettre un minimum à leur place. Voilà. Un bon critique c’est quelqu’un de très calé sur la technique et qui est très objectif sur ce point. Qui sait être subjectif dans son avis du film mais nuancé en prenant en compte et en essayant de comprendre l’avis des autres. Après, je pense à un truc, mais parfois même, sur la technique ça peut être subjectif, quand des réalisateurs testent des nouvelles choses un peu étranges qui ne plaisent pas à tout le monde.
Qu’est-ce qu’un critique professionnel ?
C’est quelqu’un de très calé sur le cinéma et dont le métier est de faire des critiques.
Et un critique amateur ?
C’est tout le monde, tous les autres. Tous ceux dont faire des critiques n’est pas le métier.
Est-ce qu’on les retrouve sur les mêmes médias ?
Non. Les critiques professionnels, on va les retrouver dans des documents professionnels, comme les Cahiers du cinéma. Tandis que les amateurs, ils s’expriment tous par internet. Bien que certain professionnels s’expriment aussi sur internet, mais à la différence qu’on ne retrouvera pas un amateur dans les Cahiers du cinéma.
Tu fais une différence entre les critiques amateurs et professionnelles ?
Oui, totalement, pour une catégorie c’est leur métier, l’autre non. Après ça ne veut pas dire que je trouve que les professionnels ont plus de légitimité que les amateurs. Par exemple, Karim Debbache, c’est un gars qui fait des critiques sur Youtube, pour moi, il est aussi bon qu’un professionnel, alors je ne sais pas si il a fait des études de cinéma ou pas, mais il est hyper pointu.
Les Youtubeurs comme Karim sont-ils professionnels ou amateurs ?
Alors, pour tous je ne sais pas. Tout dépend si faire des vidéos de critiques est leur métier ou non. Je sais que pour Karim, ça ne l’est pas, il ne sort pas assez de vidéos pour que ça soit son métiers. Pour les autres Youtubeurs, aucune idée.
Quelles sont tes habitudes lorsque tu choisis un film à aller voir au cinéma ?
Je me concentre uniquement sur le genre de film et l’affiche. Je suis une personne qui a horreur d’être spoilé donc je ne regarde pas les critiques à l’avance et je ne regarde surtout pas les bandes-annonces.
Et après avoir vu le film ?
Oui, là par contre à m’arrive. Ça m’aide à avoir un autre point de vue et si je n’ai pas compris certains aspects du film, de m’éclairer.
Est-ce que tu connais d’autres plateformes que YouTube pour diffuser des critiques ?
Alors, c’est un peu vieux mais Nanarland, et SensCritique.
Quelles différences fais-tu entre une critique postée sur SensCritique et sur Youtube ?
La forma. J’estime que si quelqu’un se lance sur YouTube, c’est avant tout pour le divertissement. Il ne faut pas se leurrer, les gens vont sur YouTube pour se divertir, et c’est une plateforme idéale pour ça, parce qu’on peut facilement scénariser une critique, créer une petite histoire autour ou faire des blagues. Tandis que sur SensCritique, on est à l’écrit, les gens qui postent les critiques ce sont de vrais cinéphiles qui ne cherchent qu’à parler du film sans digresser dans le divertissement.
Tu as toi-même un projet de critiques sur YouTube ?
Oui, comme je te l’ai dit au début, j’adore les nanars, je trouve ça passionnant. J’ai donc écris le premier scénario d’une série de critique qui traitera de nanar. Les vidéos seront ponctuées de petites histoires misent en scène, de quelques blagues.
Pourquoi as-tu choisis Youtube comme plateforme de diffusion plutôt que de rédiger tes critiques sur un blog par exemple ?
Pour la visibilité avant tout. Un blog personnel n’aura vraiment pas beaucoup de chance de rayonner. Tandis qu’une chaine Youtube peut facilement s’exporter.
Et pourquoi pas sur SensCritique qui a déjà de nombreux utilisateurs ?
Parce que le contenu que je veux proposer ne convient pas à cette plateforme. Comme je te l’ai dit, je veux faire des blagues, monter de petites histoires. C’est compliqué de faire ça sur SensCritique. En plus, je vais traiter les nanars, ce n’est pas vraiment le genre de films qui intéresse la communauté SensCritique. Sur ce site, on va plus chercher les critiques de films actuels qui sortent dans les cinémas ou dans les festivals.
Merci Paul!
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